Je vois beaucoup de points de vue divergents dans cette actualité des dernières semaines concernant le projet d’élaboration de vin rosé à partir d’un assemblage rouge/blanc.
Mais quelle peut être l’origine de cette idée saugrenue qui soulève un débat de fond ?
Faire face à une demande mondiale croissante … ? Éliminer la surproduction de vins rouges …?
On le constate, la consommation des rosés est « trendy » depuis quelques années. Rien qu’en France, elle est passée de 8% à 22% de la consommation totale des vins durant les quinze dernières années. Toujours plus de rosés, et , chaque année, avec le nouveau millésime, nous voyons arriver des vins plus pâles (« blush »), plus sophistiqués, plus modernes …
Au final, ce sont les rosés de Provence qui sont à la fête ! Frais, expressifs, d’une couleur discrète, ils conviennent à tous les goûts, pour tous les instants de consommation. Ce succès est bien entendu le jouet de jalousies et de convoitises.
L’assemblage blanc/rouge présenterait l’avantage d’un moindre coût de fabrication, d’une couleur mieux maitrisée, et aussi d’une meilleure position face à la concurrence des pays qui l'autorisent déjà, comme l'Argentine.
Il ya plusieurs points cependant que la commission européenne a omis de prendre en compte :
Premièrement, Il faut savoir que le rosé est un vin à part entière, issu d'une vinification particulière. Le blanc et le rosé s'élaborent de plus en plus de la même façon, pas de macération non plus entre peaux et jus. C'est uniquement la couleur des raisins qui changent
Ensuite, Pour faire un vin rosé avec du blanc et du rouge, on va utiliser environ 95 à 99% de blancs pour 5 à 1% de rouges. Quand on sait qu’on ne produit déjà pas assez de blancs, cela donne à réfléchir …
Cela fait 20 ans environ, et encore plus depuis la création du centre du rosé à Vidauban, que les syndicats des côtes de Provence essaient de communiquer sur le fait que leur vin rosé repose sur une vinification particulière avec des cépages et des terroirs singuliers. Que dire et que faire alors si ce texte de loi était passé … ? Les vignerons doivent ils abandonner un positionnement de vin de terroir construit depuis plusieurs années au profit d’une solution qui se révèle assez mal adaptée ? Quelle image de la France, avec son patrimoine unique de terroirs, aurait on véhiculé ?